Le projet politique de la municipalité et de l’intercommunalité s’inscrit autour de plusieurs axes, notamment la revitalisation des centralités, dans toutes ses composantes : économie, aménagement, commerce, mobilités, logements, etc. Les deux fils conducteurs du projet de revitalisation sont la transition écologique et la démocratie participative.
La communauté de communes du Haut-Béarn et la ville d’Oloron Sainte-Marie ont candidaté à l’appel à manifestation d’intérêt régional « Revitalisation des centres villes/bourgs », pour se faire accompagner sur le plan de l’ingénierie et sur des actions opérationnelles. Ils ont été retenus et une convention vient d’être signée le 24 septembre (photo) pour contractualiser ce soutien.
En juillet dernier, suite à la tenue d’un comité de projet, Bernard Uthurry, maire d’Oloron Sainte-Marie et président de la CCHB, avait annoncé que le « GO » était lancé, bien que l’urbanisme soit une politique du temps long. Pour rappel, trois secteurs sont identifiés pour mener à bien le projet de revitalisation : rue de Révol, rue Louis Barthou et la friche Sésame/Remazeilles. Cette dernière sera la première partie visible du projet. La Ville a retenu la SEPA et le Collectif Encore (architectes paysagistes) pour l’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage). Leur rôle sera de révéler la pré-programmation du site, en d’autres termes, identifier ses futures fonctionnalités, puis définir son modèle économique et sa faisabilité opérationnelle.
Lors de la visite sur site, le maire et président de la CCHB, Bernard Uthurry, a rappelé combien ce bâtiment est un « point stratégique ». « Notre ville est architecturée bizarrement, sans centre-ville ou avec plusieurs centres-villes. Ici, il s’agit d’un trait d’union entre les quartiers. C’est une première étape pour la reconquête de l’animation du centre-ville. Donner le « GO » en début de mandat est une façon de rendre la suite inéluctable. Car on ne peut pas décréter des plans Marshall et attendre que ça se fasse. »
Abondant dans son sens, Anthony Zajdowicsz, directeur de l’EPFL (Etablissement Public Foncier Local qui a réalisé l’acquisition foncière pour la Ville), a rappelé que « l’EPFL a été mandaté en 2015 par la Ville, malheureusement sans projet certain ». Il a pondéré le « risque d’acheter sans but précis » par les « enjeux » du site, sa « surface » et son « potentiel » et par la négociation menée qui a permis une acquisition raisonnable. Le soutien de l’EPFL avait été décidé par stratégie, et parce que sans projet public, cette friche serait certainement restée en l’état.
Nicolas Freida, directeur de la SEPA, a expliqué que ses interlocutrices oloronaises, l’adjointe Brigitte Rossi et la cheffe de projet « Petites villes de demain » ont, par leur caractère « tonique », bousculé le « mode de faire » de la SEPA ! « Il y a une volonté que le site vive tout de suite, qu’il devienne un foisonnement culturel, artistique, etc. Mais qu’il soit aussi une démonstration de frugalité, en investissement et en fonctionnement. Nous cherchons donc les solutions pour résoudre cette ambitieuse équation. »
Anna Chavepayre, du Collectif Encore, est dans la lignée parfaite de cette frugalité et de cette envie que le site vive tout de suite… elle qui n’a pas hésité, deux jours avant la visite officielle du président de Région, a retroussé ses manches et à embarquer quelques collègues pour démonter le faux plafond de la friche, révélant d’autant plus son potentiel. Elle l’a expliqué, avec son accent suédois : « La peur de l’inconnu, c’est comme gravir une montagne : c’est douloureux, ça fait peur, on ne sait pas si on va y arriver. Mais en haut, quelle beauté ! Enlever le faux plafond… faut pas rêver ! C’est une expression française. Mais évidemment il faut rêver ! D’autant qu’il ne fallait pas rêver d’aller sur Mars, juste d’enlever le faux plafond. C’était pour vous qu’on l’a fait, pour vous montrer le potentiel du bâtiment. Notre métier d’architecte est concret : il vaut mieux être ici à démonter un faux plafond et rencontrer les habitants, plutôt qu’être au bureau à composer des images 3D. Le bâtiment ne commence pas avec nous : il est déjà là. »
La délégation s’est ensuite rendue à pied jusqu’à l’Hôtel de Ville pour signer la convention entre Région et Ville/CCHB. Vice-président de la CCHB à la revitalisation des centres-bourgs, Henri Bellegarde a salué « l’avancée considérable » déjà réalisée et exprimé combien « la ténacité porte des résultats ». Vice-présidente à l’aménagement du territoire, Brigitte Rossi a rappelé la « logique de territoire qui l’anime, une logique de projet qui a convaincu les interlocuteurs de nous suivre » et rappelé aussi l’importance des projets dans la ville-centre, car « Oloron qui se meurt, ce sont les vallées qui se meurent. »
Bernard Uthurry a rappelé le double accompagnement prévu, d’une part pour la pré-programmation, d’autre part pour l’étude sur les parcours résidentiels, financés à 40% par la Région et la Banque des Territoires.
Alain Rousset s’est exprimé avant les signatures. « La politique d’aménagement du territoire n’est pas si facile, elle suppose beaucoup de continuité et d’outils. L’idée est de mettre en place une stratégie progressive, avec des opérateurs fonciers, pour éviter spéculation immobilière et flambée des prix. La Caisse des dépôts est notre tirelire bienveillante et coopératrice. Une opération comme celle-ci représente 5 à 10 ans. Il faut un pilote dans l’avion, et ce ne peut être ni le sous-préfet, ni la Région, mais le Maire. Nous accompagnerons cet appel à projet. »